Bio
En 1954, vers la fin de la guerre de Corée et au milieu de ses études en psychologie à l’Université du Texas, Warren Robertson fut enrôlé dans l’armée. Avant même de réaliser ce qui lui arrivait, il se trouve sur un navire de troupes se dirigeant vers l'Extrême-Orient. Ce qui s'est passé par la suite a été encore plus étonnant : alors que le navire accoste au Japon, il est mêlé à une histoire d'erreur d’identité. On croyait qu’il était George Robinson, un joueur All Star de football américain et l’armée a insisté pour qu’il joue. Il a alors passé les 18 mois suivants de sa vie dans la peur que la supercherie soit découverte, tout en réussissant à rester hors des combats en jouant au football. C’est aussi au Japon, en des circonstances improbables, qu’un événement tout aussi imprévisible arriva : Robertson rencontra Marlon Brando. Brando tournait le film Sayonara à Tokyo. Alors que Warren lui fit découvrir la ville, Brando lui parla de l’Actor’s Studio et d’une nouvelle approche appelé « La Méthode ».
Ainsi Warren Robertson entra dans le monde du jeu d’interprétation. À son retour aux États-Unis, il fait ses valises et part pour New York où il commence des cours avec Lee Strasberg à l’Actor’s Studio. Dans ces ateliers, Warren côtoyait des acteurs tels que Paul Newman, James Dean, Jane Fonda, Peter Falk et Marilyn Monroe. Pendant 10 ans, il travailla comme acteur à Broadway et dans d’autres théâtres off Broadway de New York.
Alors qu’il jouait dans la pièce Sweet Bird Of Youth, Warren, ainsi que plusieurs membres de la distribution, se réunissent pour travailler des scènes durant la journée. C’est de cette façon que Robertson découvre son talent pour aider les autres acteurs. Une initiative amorcée dans son salon avec dix personnes a rapidement augmenté à vingt. Warren cessa de jouer dans les scènes et trouva sa vocation de professeur.
Peu de temps après, il fonda l’Actor’s Repertory Theatre et commença à former les meilleurs acteurs de New York. Son talent unique à fusionner la vie intérieure et la réalité extérieure, et à aider les acteurs à donner une interprétation claire en intégrant l’émotion produisait des résultats étonnants. Les acteurs décrochaient plus de rôles, ils remportaient des prix et devenaient célèbres. Au même moment, il voyageait aussi en Hollande et y donnait des ateliers réguliers là-bas. Pendant ses vingt ans d’enseignement du jeu d’interprétation à New York, il a formé plus de 20 000 acteurs en devenir ou jouissant déjà d’une certaine notoriété. Son livre intitulé Free to Act fût publié en 1977, et dans les années 80, il fut nommé « professeur de jeu de la décennie » par le New York Post ainsi que « l’un des quatre professeurs de jeu les plus marquants aux États-Unis » par le Yale Theater Review. En 1984, il fut aussi mentionné dans le livre de Eva Meder intitulé The Next Generation of Acting Teachers.
Au début des années 90, Robert Toupin un jeune étudiant originaire du Québec, lui suggéra de venir à Montréal et d’y donner un atelier. D’abord avec l’aide de l’Office National du Film, puis uniquement à l’aide des inscriptions d’étudiants, il fonda l’Atelier Warren Robertson. Il continue à venir à Montréal une semaine par mois. En 1998, il ajouta Vancouver à sa liste de destinations canadiennes. Il y donne maintenant aussi des ateliers sur une base régulière.
Pendant qu’il dirigeait l’Actor’s Repertory Theater, il se lia d’amitié avec Stella Adler. La grande brouille entre Stella Adler et Lee Strasberg est bien connue de tous ceux qui ont étudié le métier d’acteur. C’est probablement la compréhension profonde qu’avait Warren des deux approches, ainsi que sa ferme conviction de la nécessité de marier les deux styles qui rendent sa technique si efficace.
Il explique :
La différence entre Stella Adler et Lee Strasberg : Pour moi, Stella était une personne merveilleusement théâtrale, née dans ce milieu et totalement impliquée dans l’art du jeu. Elle avait une très grande capacité à diagnostiquer une scène, analyser un personnage et de décrire le processus externe de la caractérisation d’un personnage à un acteur. D’un autre côté, Lee avait une persévérance incroyable et une grande perspicacité de bien comprendre chaque individu. Il pouvait stimuler et dévoiler des émotions chez les acteurs ainsi que les libérer de prétentions externes et du besoin d’indiquer.
Quand j’ai commencé dans le théâtre, il y avait une grande polémique à savoir quelle approche était la meilleure. Venant de l’extérieur et surtout n’ayant pas été formé à l’une plus que l’autre, je pensais simplement qu’il s’agissait de comprendre l’essentiel de chaque méthode. Au lieu de la résistance, il doit y avoir une mouvance.
Warren vit sur un ranch près de Seattle et continue d’enseigner à Montréal et à Vancouver.
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